Pour tout habitant ou habitué du quatorzième arrondissement, le Zeyer est inscrit dans le paysage. Cette brasserie parisienne, fondée en 1913, fut un temps le lieu incontournable où chacun passait. On y venait bien sûr pour un café, un apéritif -le zinc y était magnifique et imposant, mais aussi pour téléphoner et encore pour acheter tickets de loterie et du tabac. Il y avait dans les murs, dans l'arrondi que prend le bâtiment pour suivre la rue d'Alésia, une guérite à peine plus grande que la veuve de guerre qui exerçait là l'emploi que l'état réservait alors en priorité à ses semblables. Un lieu de vie (comme on ne le disait pas encore ainsi) très animé où l'on pouvait aussi se restaurer, ce qui ne semblait plus être l'activité dominante à la fin des années 60.

Le Zeyer d'hier : plus de terrasses. Le Zeyer d'aujourd'hui : plus de voitures

Au milieu des années 70, la famille Bras –propriétaire des lieux depuis une cinquantaine d'années maintenant, opéra un changement radical. Mort du bistrot, destruction du comptoir et naissance de la brasserie actuelle. La rénovation du lieu fut d'autant plus sujette à controverse que ce n'en fut pas une, mais plutôt une refonte baroque : seule la mosaïque du sol survécut à l'intervention du décorateur Slavik. Les non-initiés peuvent imaginer que le décor est Art-déco, il n'en est rien, les verrières orangées du plafond sont typiques du style de Slavik, décorateur star à cette époque en raison du succès des drugstores, ses premières œuvres du genre. Mélangeant approximativement Art Nouveau et Art Déco, Slavik a instauré un style improbable que d'aucuns nomment "le style bistro". Slavik a sévi dans de nombreux établissements, dont le Dôme à Montparnasse qui appartient aussi à la famille Bras. Ainsi le Zeyer a-t-il entamé une nouvelle vie tournée essentiellement vers la restauration. Qu'en est-il ? Comme beaucoup de brasseries parisiennes la qualité de la cuisine et de l'accueil sont parfois aléatoires. Une suite de repas de très bonne tenue est soudain interrompue par dîner médiocre. Le service efficace et attentionné ne vous évitera pas à tout coup un grand classique de ce type de restauration, le "pied-plat" ronchon.

Authentique service brasserie en tabliers blancs, fausse verrière Art-déco de Slavik et vraie pendule ancienne pour égrener les heures animées du Zeyer.

Mais revenons au positif : le Zeyer est géré par des professionnels qui ont le souci du bon produit – les viandes rouges viennent de l'Aveyron, les poissons et crustacés de Bretagne et de Normandie. La carte s'agrémente d'un plat attribué à chaque jour de la semaine. Non, le lundi ce n'est pas raviolis mais confit de canard des Landes, le mercredi, tête de veau sauce Gribiche… La liste en est consultable sur le site Internet du Zeyer (ainsi que les prix – excellent point) comme toute la carte d'ailleurs. Ne manque que les vins, pour des raisons de réglementation sur les alcools, peut-être ? Pour les amateurs d'ambiance cosy, nous signalons la salle du premier étage plus tranquille et à la décoration plus feutrée.

L'aïoli de morue, proposé en plat du jour certains vendredis. Un des plats que nous apprécions au Zeyer.

Le Zeyer est ouvert tous les jours de la semaine : Petits déjeuners de 8h à 12 h – déjeuner de 12h à 18h et dîners de 19h à 0h15 (0h45 les vendredis et samedis)

Le Zeyer
62, rue d'Alésia - 75014 Paris

01 45 40 43 88

Le site du Zeyer

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